Weirdos rule the world !

Âge : Vingt-huit ans. Date et lieu de naissance : Le 2 avril à Porto Rico. Origine(s) et nationalité : Canadienne d'origine porto-ricaine. Ouais, c'est un peu le bordel. Occupation(s) : J’ai trouvé le parfait métier, celui dans lequel ma gueule de dix pieds de long est un atout et où je n’ai pratiquement rien à faire pour percevoir un bon salaire : gardienne du cimetière ! Je m’occupe de l’ouverture et de la fermeture des portes, je veille à ce que personne ne vienne embêter les morts, je fais un petit coup de propre de temps en temps, et puis voilà : c’est tout. En gros je suis au calme, j’ai beaucoup de temps libre et, surtout, je n’ai aucun compte à rendre.  Situation financière : Je ne suis pas à plaindre. Situation amoureuse : R.A.S. A Thunder Bay depuis... : Depuis que j'ai deux ans. Etat d'esprit par rapport à l'annonce de la fin du monde : Vous parlez à une fille qui adore les trucs bizarres, alors oui : bien sûr que j’y crois ! Mais ce n’est pas pour autant que je panique complètement ou que je me terre au fin fond d’un bunker… Si c’est bien vrai, je fais confiance à tous ces intellos de la NASA pour trouver un moyen de nous tirer de là : un an c’est large pour créer un méga laser ou une bombe gigantesque ou n’importe quoi d’autre capable de détruire cet astéroïde, ça va le faire. Traits de caractère : Pince sans rire et sarcastique, parfois blessante, mais drôle la plupart du temps. Sans filtre, sans gêne et sans détour : je suis « nature » comme on dit. Passive et blasée, voire même carrément froide : seuls ceux qui me connaissent vraiment savent à quel point je peux être aimante, généreuse et (sur ?) protectrice. Calme en toutes circonstances : si je sors de mon flegme habituel c’est que la situation est vraiment désespérée ou incroyablement révoltante. Fiable et honnête. Pas très loquace. Paresseuse.

(01) Daniela ? Vous pouvez toujours essayer de m’appeler comme ça si vous avez du temps à perdre et que ça ne vous gêne pas d’être royalement ignoré. (02) Je ne suis ni rayonnante, ni chaleureuse, ni exubérante. Mes émotions sont rarement visibles sur mon visage. Mes sourires sincères sont rares, mes éclats de rire encore plus. Quant à mes larmes, que dire ?.. En fait, je vous conseille de voir la moindre réaction de ma part comme une sorte de récompense : c’est la preuve que vous avez été vraiment très drôle, vraiment très émouvant ou vraiment très cruel. (03) Je suis Portoricaine : pas besoin d’être un génie pour s’en rendre compte. Quant à mes papas, l’un est afro-américain et l’autre d’origines asiat’. Aussi, j’aime autant vous dire que nos photos de famille ont l’air d’être tout droit sorties d’une campagne de pub prônant la tolérance. (04) Mes amis m’appellent souvent « Grumpy ». Comprenez par là qu’en plus de tirer la tronche je suis (vraiment) toute petite – d’où le nom de nain… (05) Je garde tout. Les tickets de cinéma, les post-it, les articles de journaux, les sous-verres de bar, les passes de concert, les jetons de fête foraine, les cailloux de la plage, bref : tout ce qui se rapproche de près ou de loin à un moment heureux de ma vie ou à quelqu’un qui m’est cher est soigneusement conservé. Ce sont un peu comme des trophées auxquels viennent bien-sûr s’ajouter des choses un peu plus conventionnelles comme des photos et des cartes postales. En vrai, je suis une sentimentale qui aurait de quoi ouvrir un musée chiant comme la pluie sur sa petite vie et son entourage. (06) Fiez vous à votre première impression : je n’ai pas juste l’air bizarre, je suis bizarre. (07) J’ai tendance à faire un peu comme chez moi un peu partout. Genre je me sers dans le frigo, j’ouvre les tiroirs pour voir ce qu’il y a dedans, je déplace les bibelots et les cadres photos pour cacher les trucs vraiment moches, j’allume la télé et zappe jusqu’à ce qu’un programme me plaise, je mets mes pieds sur le canapé… Bref. Vous avez compris. (08) J’aime pas les pleurnicheurs. Quand les gens se mettent à chialer ou  à se plaindre pour un rien ça me donne juste envie d’être méchante et de leur donner une vraie bonne raison de pleurer… (09) Ça ne manque jamais : dès que je mets un pied dans un pub ou dans une boîte, les videurs me demandent ma carte d’identité. Idem quand je m’achète de l’alcool au supermarché. J’ai une tête de gamine en fait. (10) Le truc le plus gore au monde ? L’accouchement : il n’y a pas photo, pour moi ça dépasse les pires films d’horreur, et de loin ! (11) Il y a plein de trucs qui me mettent mal à l’aise : les bébés, les vielles personnes qui sentent la vielle personne, les couples culculs qui dégoulinent d’amour et de niaiseries, les compliments sur ma petite personne, les contacts physiques, les gens qui se mouchent… (12) J’aime bien tout ce qui touche au bizarre, au paranormal, à l’inexpliqué. Les maisons supposées hantées, les prédictions médiumniques,  les messages extra-terrestres, les sciences occultes, l’hypnose, tout ça. Ça me fascine et je pourrai en parler pendant des heures sans m’arrêter. (13) Mon métier de rêve ? Critique gastronomique. Etre payée à manger et à dire si c’est bon ou non ça doit vraiment être génial ! (14) Ça va surement vous  paraître bizarre, mais mes amis sont des gens plein de vie, hyper expressifs et super souriants. En gros, ils sont tout mon contraire. Je me dis qu’on doit être complémentaires et que c’est pour ça que je fais partie de la bande : je suis le calme dont ils ont besoin, le roc sur lequel ils peuvent s’appuyer en période de crise. Le plus drôle, c’est que je suis un peu la « maman » du groupe, celle qui rappelle aux autres les anniversaires, qui règle les problèmes qui nécessite une répartie à toute épreuve et un regard assassin, qui s’occupe de l’organisation des soirées, qui dirige les opérations « représailles et remontage de moral » lors des ruptures compliquées… Bref, je les « couve », quoi.

Il y a des gens qui sont fait à base d’amour, d’un papa et d’une maman dégoulinant d’affection et de désir l’un pour l’autre. Il y en a d’autres qui relèvent plus de l’accident, de l’imprévu et qui, peu importe les mensonges qu'on leur servira par la suite, s’avèrent être d’heureuses (ou malencontreuses) surprises. Et puis il y a ceux qui, comme moi, on vu le jour parce qu’un gars plus ou moins louche a profité de l’incroyable manque de jugeote d’une petite idiote…
De ce que j’en sais, ma mère biologique étais une ado’ un peu naïve qui a cru que le gars qu’elle avait rencontré la veille dans un bar allait l’épouser et la choyer pour les cent années à venir. En vrai, le mec  s’est barré deux jours après et, neuf mois plus tard, je pointais le bout de mon nez. Ce n’est pas facile d’être maman quand on est jeune et pas très maline et, pour sa défense, elle a quand même tenu le coup pendant un an et demi avant de remplir de la paperasse pour renoncer à ses droits et me mettre en orphelinat. C’est là qu’entrent en jeu mes papas. Huit ans qu’ils étaient candidats à l’adoption ! Mais les démarches sont déjà longues et fastidieuse pour des couples hétéros et blancs, alors je vous laisse imaginez la galère que c’est pour un couple gay et clairement « multiculturel » pour dire ça poliment… La petite dame en charge de leur dossier leur avait dit d’oublier les nouveaux nés : aux vus de la demande et de leur profil, il pouvait encore se passer quinze ans avant que l’agence ne leur en confie un. Mais un bébé de deux ou trois ans, ça c’était tout à fait possible ! Encore plus si l’enfant en question n’est pas tout à fait blanc… C’est ainsi que me papas ont fait ma connaissance et que, six mois de paperasses et d’entretiens plus tard, je quittais Puerto-Rico dans leurs bras et m’en allais vers le Canada !

Croyez-le ou non : j’étais une petite fille très vive et pleine d’entrain à l’époque ! Mais vous savez comme les enfants peuvent être cruels avec ceux qui sont différents… Thunder Bay était une petite ville tout ce qu’il y a de plus conventionnelle. Aussi, quand les autres gosses ont été en âge de se rendre compte que ma famille était à des kilomètres de coller au standard servis par leurs parents, la télé et la bible, ma vie est très vite devenue un enfer… J’étais la risée de l’école, celle dont on se moque à la récré, à qui on colle des chewing-gums dans les cheveux et qui mange toute seule à la cantine. Ils riaient de mes papas, du fait que j’ai été adoptée et que ça supposait que j’avais été d’abord abandonnée. Et moi ? Je ripostais, bien sûr. Et je me mettais à pleurer tout de suite après…
Quand mes pères en ont eu marre d’être convoqués toutes les deux semaines à cause des bagarres que j’avais soit disant provoquées, ils m’ont donné ce curieux conseil : « Fais comme si ça ne t’atteignait pas. »Cette phrase a raisonné pendant longtemps dans ma tête... Pourquoi est-ce que je ferai une chose pareille ? Je veux dire : pourquoi est-ce que je ferai semblant ? Ça n’avait aucun sens pour moi. Mais j’ai obéit. J’ai mis un masque d’indifférence et de mépris, j’ai fait « comme si »… Et vous savez quoi ? Ça a marché. Tellement bien marché que je me suis dit que je pouvais garder cette attitude encore un peu, histoire d’être sûre d’avoir la paix.

Les années ont passé, le masque est resté. Il fait partie de moi maintenant : c’est ma barrière face au monde – ou plutôt face aux cons…
Mon absence totale de réaction et mon regard blasé intriguent autant qu’ils effraient. Quant aux sarcasmes qui sortent de ma bouche d’une voix monotone, ils laissent souvent perplexes. Je peux lire sur le visage des gens : « Est-ce qu’elle plaisante ? Est-ce que je dois rire ? », et je vous avoue que ça m’amuse beaucoup de voir les autres essayer de deviner le fond de ma pensée.
Les gens me trouvent bizarre et ils ont bien raison : je suis la fille du cimetière, celle qui ne sourit jamais et qui parle comme un robot. Il y a d’ailleurs pas mal de légendes urbaines qui circulent en ville à mon sujet. Comment je le sais ? C’est moi qui les ai lancées. C’est un de mes grands hobbies : dire une connerie à un idiot et voir combien de temps il faut pour que l’info se repende. C’est très marrant, vous devriez essayer. Du coup, si vous sondez les habitants de Thunder Bay à mon sujet, vous pourrez entendre des énormités du genre « Les gens sont persuadés qu’elle a été abandonnée, mais en vrai elle a tué ses parents biologiques ! », « C’est une cannibale, c’est pour ça qu’elle travaille au cimetière : pour se nourrir et aussi pour assouvir ses pulsions sexuelles sordides… » ou encore « Méfiez-vous : c’est un vampire-garou ! ». Hilarant, non ?
Pourtant, malgré que je fasse tout pour, je suis loin d’être seule. Certaines personnes s’obstinent à vouloir me connaitre. Ils sont rares, certes, mais ils existent et méritent d’être mentionnés pour leur courage et leur patience. Et puis il y a ceux sont à mes côtés depuis tellement longtemps qu’ils ne font même plus attention à mes bizarreries. Ils savent que ce n’est qu’une façade, que derrière le masque il y a toujours cette gamine qui a peur que les autres la rendent triste et, qu’au fond, la reine des glaces que je suis ne demande qu’à être aimée et à aimer en retour. Oui : c'est gnangnan. Mais c'est 100% vrai.