J’préfère crever du cancer des poumons ou suite à un coma éthylique plutôt qu’de crever d’désespoir.

Âge : J’ai 33 ans. Bientôt 34. Date et lieu de naissance : Je suis née le 12 Septembre 1983 à Liverpool. C’pas la plus jolie des villes, mais j’m’en fout, c’est celle des Beatles. Origine(s) et nationalité : Je suis anglaise de pure souche. Occupation(s) : Gérante du Le France. La cuisine, c’est mon dada et encore plus les mets sucrés. Situation financière : Assez bonne. Situation amoureuse : R.A.S. A Thunder Bay depuis... : Une dizaine d’année. Etat d'esprit par rapport à l'annonce de la fin du monde : J’m’en fout. Traits de caractère : Niveau caractère de merde, j’pose la barre assez haute. Extrêmement susceptible, je suis capable de m’énerver pour un petit rien et je n’hésite pas à prononcer mes quatre vérités quand il le faut. Grande gueule, je l’ouvrirais dès que j’en ressentirais la nécessité, qui que tu sois. Peau de vache, je vais être du genre à faire des crasses à une personne si cette dernière a mal agi envers moi, ou bien envers l’un de mes proches. Je suis assez vulgaire et je ne m’en cache pas. Les jurons fusent énormément avec moi. Non sincèrement, j’suis pas super facile à vivre. Mais hormis ça bah… J’suis mine de rien assez souriante et avenante. En fait, faut juste pas que tu viennes me faire chier : Laisse tomber, si ta tête me revient pas t’auras jamais ta chance avec moi. J’suis super rancunière en plus de ça. Mais comme je dis, je suis avenante et si je te connais pas et que tu viens me parler, j’irais pas t’envoyer chier sauf si vraiment j’suis pas de bonne humeur.
Mais dis toi que quand t’es du bon côté de la barrière et que tu m’as en tant qu’amie ou autre, je suis presque l’opposée de ce que je viens de te décrire. Je peux être carrément adorable et attachante, et j’aime énormément prendre soin de mes proches. Hypra-protectrice, on a pas intérêt à toucher un seul de leurs cheveux, autrement c’est à moi qu’on aura à faire. Qui que « on » soit, d’ailleurs. Mais vraiment, j’rigole pas avec ça.
‘Savez, j’crois qu’il y a quelqu’un qui a dit un jour qu’on avait plusieurs visages. On ne va pas se comporter de la même manière avec une personne de notre famille qu’avec un ami, par exemple. La grande gueule en est un. La femme attachante en est un autre. Et la dépressive en est un autre. Quand je suis seule, je me noie dans mes sombres addictions telles que l’alcool et la cigarette, et j’essaye d’oublier tous ces malheurs qui me hantent chacune des heures survolées dans cette douloureuse réalité.

(01) Passionnée par la musique, on pourrait presque dire que je suis née avec une guitare dans les bras. J’en joue depuis mon plus jeune âge (ouais on va pas abuser non plus hin, quand même), et je me débrouille très bien. J’en possède une sèche, une électro acoustique et deux électriques. Plus jeune, je me suis souvent produite à des petites fêtes ou de petits concerts, mais rien de bien transcendant. (02) Je suis tatouée un peu partout : Deux attrapes rêves sur la cuisse, une palette ouija sur la nuque, une minuscule veuve noire sur l’annulaire et des fleurs sur l’épaules. Et je ne compte pas m’arrêter là, j’adore les tatouages.  (03) Je suis passionnée de cascades automobiles, et j’en pratique assez régulièrement en guise de « sport ». J’aime les montées d’adrénaline et les fortes sensations que cela procure, bien que j’ai du avoir à me battre auprès de la gente masculine (des bons gros macho’ aux idées reçues) qui pensent que ce n’est qu’un « truc de mecs ». Au final, j’ai prouvé non pas sans fierté que je savais me débrouiller aussi bien qu’eux là dedans, et depuis j’ai droit à leur respect. De toute façon avec le temps, ils ont bien fini par se rendre compte que j’étais limite plus dure à cuire que certains d’entre eux. (04) Mes parents sont anglais tous les deux, mais ma mère a longtemps vécu en France avant de revenir s’installer à Liverpool. Elle m’a appris la langue, ce qui fait qu’aujourd’hui je suis complètement bilingue. J’ai beaucoup hésité à devenir prof, mais… Pas assez de patience, je crois que ça serait vite parti en vrille avec moi. (05) Et je peux appuyer sur la précédente information en vous apprenant que je ne supporte pas qu’on m’appelle « madame ». Je sais pas vraiment pourquoi, mais c’est quelque chose qui m’énerve.(06) J’ai un chien énorme, Kyle, un mastiff de trois ans. Je me balade souvent avec, et il a tendance à inquiéter les gens qui l’aperçoivent, sans savoir que ce molosse est une pâte : Il ne ferait pas de mal à une mouche. Mais d’un côté, c’est plutôt utile étant donné qu’il fait toujours reculer grâce à sa taille imposante. (07) J’ai un accent assez particulier, anglais donc mais qui mélange un peu le français. Ce n’est pas difficile pour me comprendre, mais ça surprend la première fois qu’on m’adresse la parole. Il m’arrive aussi d’utiliser certains mots français dans mes phrases, à la fin plus généralement. (08) La cuisine est une grande passion, et on a souvent tendance à me qualifier de cordon bleu. Je me débrouille très bien là dedans, j’aime innover et c’est pour ça que je me suis lancée dans un métier allant dans ce domaine. Puis que je suis devenue la gérante du café Le France, ici à Thunder Bay. Le nom me correspond parfaitement, en plus de ça ! (09) Même si mon caractère pourrait faire croire le contraire, je suis loin d’être une sans-cœur.  Bien au contraire d’ailleurs, je suis très émotive. Je pense d’ailleurs que c’est ce point-ci qui m’a fait sombrer dans la dépression, tout au long de ma vie, ainsi que les pertes que j’ai subi durant cette dernière. (10) J’ai un problème de santé extrêmement handicapant et irréversible, qui m’a souvent empêché de tenir une relation suffisamment longtemps à cause de la peur de réaction que cela me procure : Je ne peux pas avoir d’enfants. (11) Mes parents sont décédés dans un accident de voiture alors qu’ils se rendaient chez moi pour un repas en famille. Il y a de ça six ans. Alice n’était pas avec eux, ce jour là : Elle avait passé la journée chez moi. (12) Mes parents ne sont pas les seuls que j’ai perdus. Ma meilleure amie entre dans le lot, décédée d’un cancer de l’estomac. On était toutes les deux très proches, et je ne m’en suis jamais remise. C’est à la suite de cet évènement que j’ai décidé de partir pour le Canada, le reste de ma famille m’ayant suivie quelques années plus tard. (13) J’avais une petite sœur de neuf ans, Alice, à laquelle je tenais comme à la prunelle de mes yeux. Mes parents l’ont eue assez tardivement par accident, mais ont tout de même décidé de la garder, et de s’en occuper comme ils se sont occupés de moi. Après leur décès, elle a été sous ma garde et vivait donc chez moi, et elle était tout ce qui me restait. Mais il y a un an, elle a été victime d’une violente chute à vélo qui lui fut fatale, et pour moi ce fut le coup de trop. (14) Après tout ça, je me suis mise en tête que je devais être poursuivie par la malchance, mais je ne l’ai jamais montré aux autres. J’ai toujours préféré me relever devant eux, plutôt que de devenir complètement vulnérable. (15) J’ai déjà essayé la drogue, mais malgré les effets, ça ne m’a pas plu et j’ai bien vite arrêté ça. Je m’en tien à l’alcool et aux cigarettes, et j’en fais une consommation monstrueuse, surtout de ces dernière. L’alcool un peu moins, j’assume pas trop la gueule de bois du lendemain. (16) J’ai déjà eu des pensées suicidaires, mais je sais que si je le faisais, tous ceux qui m’ont quittés ne seraient pas fier de moi. Alors pour eux, je continue à me battre et a essayer de survivre (ouais pour moi c’est carrément de la survie) tant bien que mal. C’est pourquoi lorsque je suis en dehors de tout ça, je ne suis plus du tout la même personne. (17) Je sais que c’est extrêmement nocif, toutes ces cochonneries et donc que je peux être supposée à en tomber gravement malade, mais l’addiction m’empêche d’arrêter et le fait que je ne veuille pas vraiment tourner la page aussi, d’ailleurs. Je n’y arrive pas vraiment, d’un côté.(18) Pourtant, j’attends ce jour avec impatience et je sais qu’il arrivera. Même si plus le temps file, plus je commence à perdre espoir. (19) Absolument personne n’est au courant de cette facette extrêmement sombre de moi même, et honnêtement je trouve que c’est bien mieux comme ça. Il est loin le jour où je finirais vraiment par craquer devant quelqu’un, surtout par fierté. (20) J’m’en fout.

We all have our reasons
Ce n’est qu’un lot de consolation ∞ « Tu t’es d’jà demandé ce que ça pouvait bien faire d’vivre dans un monde autour de toi s’effondre ? Un monde dans lequel t’es injustement plantée là, au milieu. » Et tu les vois tous tomber, emportés par la mort, la maladie. Tu croyais que t’allais avoir une belle vie ? Bah non ma vieille. C’est bien de rêver mais ouvre les yeux, ça ne passera pas comme ça.
Un jour, j’ai rencontré une fille de mon âge. Ce jour là, on a parlé, ça a accroché, et on ne s’est plus quittées. Maureen Stallworth, celle qui a été ma meilleure amie pendant de longues années. Jusqu’à ce qu’un jour, la maladie ne l’emporte brusquement. Me voilà vêtue de noir, marchant dans l’une de ces allées bien trop ordonnées et silencieuse, au milieu de tous ces être passés de l’autre côté. Maureen est devant moi. Elle avance, elle aussi. Portée par cette imposante voiture aussi sombre que son cortège. Lorsque le cercueil est posé plus bas que terre, je viens posé une petite liasse de papiers soigneusement liés ensemble. Et fait en sorte que la pluie tâche le moins possible l’encre versée. Je recule, je la regarde partir. Je ne pleure pas. On s’en va. Le soir même, je m’effondre. J’avais 22 ans.

Je suis partie. J’ai quitté Liverpool, ville qui avait désormais l’air si fade et grise. Pour le Canada. J’ai sauté sur cette opportunité de reprendre un café dans la ville de Thunder Bay.  J’ai fait face à ce gros changement toute seule, mes parents ne m’ont pas suivie. Je voulais essayer de tourner la page. Découvrir une toute nouvelle vie, de toutes nouvelles personnes. Tout changer, afin d’essayer d’oublier. Je croyais que ça allait marcher. Réveille toi.
Un jour, j’ai appris que j’allais être grande sœur. Ce fut un peu tard, mais l’effet fut le même que si je n’avais été âgé que de dix ans ou moins. Le bonheur avait subitement refait son apparition dans ma vie. Je suis revenue à Liverpool peu après l’accouchement de ma mère. Elle s’appelait Alice. Alice Jennings. Je suis restée quelques jours, et à cette même occasion, j’en ai profité pour passer voir Maureen. Je lui ai parlé. Longuement. Puis je lui ai de nouveau dit au revoir, et je suis repartie. Puis, deux ans plus tard, ils étaient là. À Thunder Bay, pour mon plus grand bonheur. J’étais heureuse.

Jusqu’à ce foutu accident. J’humais cette douce odeur qui s’échappait du repas que je venais de préparer, bercée par les accords nonchalants de Plastic Man. Un bruit parasite venu s’y ajouter, suivie par la petite voix cristalline d’Alice. « ‘Myyyyyyy ! ‘Té’éphoooone ! » J’ai accouru, et avant de lui demander gentiment de baisser le son de la télé, portant le cellulaire à mon oreille. Je n’ai pas pleuré. Alice si. Le repas attendra à jamais. Me revoilà en train de marcher dans ces angoissantes allées. Les cercueils sont enfouis sous terre. Je tente tant bien que mal de calmer les pleurs si douloureux d’Alice. Je ne pleure toujours pas. Le soir même, je m’effondre.
Un jour, j’ai rencontré un type dans une grande surface. Il m’a regardé m’emparer lourdement de ces bouteilles d’alcool. A dévisagé mon air assombri. Puis a déclaré que ce n’était pas raisonnable pour une femme de mon âge. Je lui ai répondu. « Écoute. Tu sais c’qui n’est pas raisonnable ? C’est de ne pas me demander pourquoi. Mais tu vois, juste parce que tu m’exaspère, t’as de la chance. J’vais t’dire pourquoi. Tu t’es d’jà demandé ce que ça pouvait bien faire d’vivre dans un monde qui tout autour de toi s’effondre ? Les conséquence que ça pourrait avoir sur ta p’tite personne ? Est-ce qu’à vingt quatre ans t’as d’jà perdu ton meilleur pote, tu sais, celui avec qui tu partages absolument tout ? Est-ce que plusieurs années plus tard tu t’es barré d’ton pays d’origine pour essayer de changer d’vie tant bien que mal, et d’oublier ? T’as d’jà perdu tes parents dans un putain d’accident de bagnoles qui ne leur a pas laissé le choix ? T’as d’jà eu à prendre leur place pour t’occuper de ta petite sœur, une fillette complètement effondrée qui ne comprend plus pourquoi elle ne verra plus jamais son père et sa mère ? Et enfin, est-ce qu’il y a même pas quelques mois t’as du la voir succomber elle aussi ? Se faire emporter par la maladie ? T'as des gosses toi ? Bah quand t'en auras tu pourras t'dire que t'as d'la chance. » Je n’ai pas pleuré.

Un jour, j’ai appris que la fin du monde allait nous tomber dessus. Ce jour là, je me suis dit pour une fois depuis de nombreuses années :
« Peut-être que la chance va enfin me sourire, finalement. »
Et j'ai souris.