samedi 22 août 2015

J’AI FINI

Je me précipite dehors, ma clope déjà au bec en train de l’allumer. Mon dieu j’ai cru que j’allais jamais m’en sortir. Non mais genre les pièces étaient a rallonge et plus je nettoyais, plus j’avais l’impression d’en avoir plus a faire. Mais bon c’est enfin fini et j’avais mérité une sacré pause. Je m’étirai regardant autour de moi. Le ciel se couchait tout doucement et je souris en me disant qu’il se serait pas trop tard pour aller boire un verre ou deux. Je tire sur ma clope : c’est décidé ce soir je m’amuse.

Je descends les marches et me ballade dans le jardin. Je suis à la recherche de quelque chose en particulier. Enfin quelqu’un. Ouais je suis pas la seule a bosser d’arrache-pied dans cette villa. Moi je m’occupe de de l’intérieur. Mais Emery lui est spécialiste du jardin et tout le dehors. On est employé ici et mine de rien ça faisait du bien de connaître et de parler a quelqu’un quand on était dans une si grande baraque. Alors on a vite sympathisé et me voilà donc en train de le chercher pour nous tirer de là.

Je m'arrête au niveau de la superbe piscine des propriétaire. Avec la chaleur qui fait impossible de passer a coté sans vouloir tremper un doigt pied. Alors me voilà assise au bord, les pieds dans l’eau. C’est un peu ma récompense du jour. De toute façon il n’y avait que nous deux sur le terrain. Les propriétaires étaient partis je ne sais où en vacances et on était en charge de garder leur baraque super propre pour leur retour. Tâche qu’on aurait pu croire facile ! Et ben non. Parce qu’avec cette foutue coupure d'électricité, j’ai du leur nettoyer leur frigo de fond en comble. Les sac poubelle a côté de la porte peuvent en témoigner. J’ai mérité cette pause.

Je m’allonge toujours les jambes dans l’eau et ferme les yeux. Le soleil sur mon visage me fait un bien fou. Je resterai bien toute la soirée là. Il me manque juste une bière pour que ce moment soit parfait …

Chaud. Chaud chaud chaud.
Cette baraque pourrie de riche, je l'avais profond dans le cul
On a pas idée d'avoir un aussi grand terrain. Beaucoup trop de jardin, beaucoup trop de plantes, beaucoup trop de pelouse, et qui a décidé qu'une grande haie magnifiquement taillée ferait un bel office de clôture, que j'aille lui dire à quel point c'est une merde?
J'avais passé la journée à me tuer sur leur terrain, pendant que monsieur madame se la coulaient douce en vacances loin de Thunder Bay et ses malheurs. Pendant qu'ils échappaient à la panne, échappaient à leurs soucis, je suais à grosses gouttes à faire office de petit nuage de pluie pour leurs belles fleurs colorées. J'espère sincèrement que les plantes ne ressentent pas réellement l'énergie qu'on dégage, auquel cas je vais les tuer violemment de mes affects négatifs - et c'est pas du tout intentionnel, juré.

Je pousse enfin un profond soupir de soulagement en arrivant au bout de la liste de tâches. Je ne croyais jamais en voir le bout, d'ailleurs c'est pas trop tôt, il commence à se faire tard. Torse nu, bronzé de soleil et humide d'effort, je m'empare du boyau d'arrosage et ne me gêne pas pour m'envoyer sur la tête un bon jet d'eau rafraîchaissant. Je la laisse couler doucement dans mon cou, désireux d'abaisser ma température corporelle, et ce faisant, remarque alors Alaska installée sur le bord de la piscine. Un sourire ne tarde guère à prendre place sur mes lèvres et sans crier gare, je braque le jet vers elle après l'avoir réglé à son plus faible niveau, afin qu'une simple bruine fine vienne caresser momentanément sa peau. Un court rire plus tard, je coupe l'eau et viens m'asseoir à ses côtés avec un soupir.

« On est carrément sous-payés pour l'ampleur de la tâche, en fait ... Ça frôle l'esclavage »

J’ai même pas envie de crier quand je sens l’eau sur ma peau. Ça fait tellement du bien après cette journée de dingue. Mon dieu je rêve d’une douche bien fraîche. J’ouvre les yeux et sourit en voyant apparaître Emery dans mon champ de vision. Celui que je cherchais. Je me redresse pendant qu’il s’assoit. Je ris à son commentaire. C’est vrai on est sous-payé et on se casse le dos pour que tout soit parfait …

Ouais carrément ! Obligé de ramasser leur merde parce qu’ils veulent pas se salir les mains … Pff tu sais quoi ? Je crois qu’on mérite notre récompense ce soir !!!

Mon sourire aux lèvres je me lève rapidement, arrosant Emery au passage avec mon pied. Je m’avance vers la maison. J’ai tout laissé ouvert pour que l’odeur du frigo s’en aille. C’est une infection la viande pourrie. J’ai cru que que j’allais vomir une dizaine de fois … Je me dépêche de traverser la cuisine et me dirige vers la cave. J’avais bien l’intention de me faire un petit plaisir; Une petit bière bien fraîche au frais du propriétaire. Elle ne pouvait être que meilleure de cette façon. Je prends carrément le pack et remonte rapidement. Au passage je prends un paquet de chips et retourne voir mon ami.

Je reviens donc les bras chargés pour faire notre petite pause bien méritée. Je me rassois et prend deux bières en lui en tendant la sienne. Je décapsule la mienne avec mon briquet et je la tend vers Emery pour trinquer avec lui.

Aller à nos patrons qui nous traite comme des sous-merde mais qui sont pas là pour nous faire chier !

Je rigole avant de prendre une gorgée. Mon dieu qu’est-ce que ça peut etre bon quand c’est gratuit …

Content de savoir que je ne suis pas le seul à me plaindre de ce boulot de merde et de ces petits cons de riches, bien que j'étais plutôt certain d'une confirmation de la part d'Alaska il est bon de l'entendre en rajouter. Puis, le mot récompense vient d'attirer mon attention, elle a pas tort on a carrément mérité de se faire un peu plaisir avec la journée exténuante qu'on vient de passer. D'une simple signe de tête, je lui signifie que j'approuve l'idée qui semble se tramer dans son esprit, qu'importe ce qu'elle est. Son pied m'envoie de l'eau, je lâche un petit cri pas très masculin mais clairement très drôle, me laissant aller sur le dos en levant les bras en guise de protection. Chialant que pour la forme, oui. « HEY. Te gêne pas surtout » mais le sourire qui étire mes lèvres trahi mon amusement.

Je la laisse rentrer dans la maison, profitant du moment pour m'étendre dans les derniers rayons de soleil et fermer les yeux pour jouir de cet instant de paix. Alaska ne tarde cependant pas à revenir, m'offrant une bière que je prends immédiatement avec un sourire. Ce n'est pas très correct. Même pas du tout. Dael menacerait de me tuer s'il savait que j'osais me servir dans les réserves de mes employeurs pendant qu'ils étaient absents et me faisaient confiance, il appelerait cela du vol et il aurait carrément pas tort. Mais Dael n'en saurait rien, et moi j'en ai actuellement rien à foutre. Ma bière décapsulée, je ris et ajoute « et à cette grosse baraque pourrie que j'emmerde, au moins elle cache d'la bière » et je cogne doucement ma bouteille contre la sienne avant d'avaler une grosse gorgée. Ouais, ya pas à dire, on méritait bien ça.

Peut-être un élan de conscience vient me chatouiller, je désigne notre petit approvisionnement d'un geste de la tête, en ouvrant tout de même le paquet de chips. « Tu crois qu'ils vont remarquer ? »